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Les bergers nomades du Sahel vivent au milieu d’une région où la nature est à la fois grandiose et semi-désertique. Cette zone sépare les régions désertiques du Sahara et les savanes étouffantes du sud. Ces éleveurs nomades sont contraints de se déplacer pour survivre et trouver des pâturages pour leurs troupeaux. Cette habitude de nomadisme trouve sa racine dans la tradition ancestrale de populations qui se trouvent aujourd’hui marginalisées.
Je vais vous livrer 4 informations étonnantes sur la culture nomade du Sahel.
Où se trouve le Sahel ?
Avant de parler des choses étonnantes les concernant, faisons d’abord le point sur la localisation de la zone sahélienne africaine. Cette zone concerne tous les pays qui bordent le sud du Sahara sur une hauteur de 500m. La bande sahélienne recouvre ainsi une partie des pays comme le Cap-Vert, le Sénégal, le Mali, le nord du Burkina Faso, le sud de l’Algérie, le Niger, le nord du Nigeria et du Cameroun, le centre du Soudan et du Tchad, le sud de la Mauritanie et l’Érythrée. Elle peut s’étendre sur d’autres pays comme la Somalie, le Djibouti et l’Éthiopie.
Cette zone se démarque aussi par une longue saison sèche d’une durée de 8 à 9 mois qui prend fin lors de la tombée des premières pluies. La température peut atteindre 45 degrés au Sénégal, au Mali et en Mauritanie au cours du mois d’avril et de mai. Cette faiblesse des précipitations annuelles oblige les bergers à parcourir de grandes distances pour faire paître leurs troupeaux.
En l’absence d’un programme efficace pour lutter contre la désertification, les millions d’habitants nomades continuent toujours d’avancer ou de reculer dans cette vaste région semi-désertique. Si vous souhaitez en savoir plus sur la culture nomade du Sahel, rendez-vous sur le site Tawaangalpastoralisme.org, une association qui préserve la culture et l’identité des éleveurs nomades.
Le Sahel, une région à fort contraste
Si la bande sahélienne est considérée aujourd’hui comme l’une des zones les plus pauvres et les plus fragiles du monde, elle était le siège d’un pôle d’échanges commerciaux intenses aux 11e et 12e siècles. À l’époque, elle était même le berceau des empires puissants, Bambara, Songhaï et Peuls. La zone sahélienne fut autrefois verte, mais le réchauffement de l’océan au cours du 20e siècle entraîne le dessèchement du sol qui rend difficile la situation des troupeaux et de la population.
Les conséquences sont même plus graves en ce début du 21e siècle en raison de l’augmentation de la population nomade et du problème d’autosuffisance alimentaire. Certes, les différents projets de développement des ONG visant à fixer les déplacements de ces populations mobiles, n’apportent pas les bonnes solutions. Les pratiques pastorales restent toujours l’apanage de bergers nomades dans certains États sahéliens. Ces éleveurs ne se déplacent pas dans un but économique. Ils adoptent ce mode de vie pour pouvoir satisfaire les besoins des troupeaux et leurs besoins sociaux, mais c’est surtout leur manière d’exister.
Une société bien organisée, qui vénère la terre et le cheptel
L’environnement aride inadéquat aux cultures et la destruction des ressources écologiques constituent les raisons majeures du pastoralisme. Mais cette culture des bergers nomades met également l’accent sur le respect de la terre et du cheptel. La terre est considérée comme un ancêtre estimable qu’il faut éviter de dépouiller.
Les êtres humains ne doivent pas marcher sur l’herbe qui croît, ni cueillir les fruits verts, ni se servir du bois vert. Ils ne doivent pas non plus dissiper, d’une façon irréfléchie, l’eau ni séjourner longtemps au même endroit. Cet usage modéré du sol vise à rendre l’exploitation des ressources optimale. Chaque groupe de nomade a un droit d’usage prioritaire sur le chemin à suivre lors de sa transhumance. Chez les pasteurs nomades peuls par exemple, le groupe est dirigé par un leader appelé Ardo. Il s’agit d’un leader possédant des compétences dans le domaine des animaux et de la qualité des pâturages et des eaux.
Il assure également l’interaction entre son groupe et les groupes voisins. Les Peuls nomades ont acquis une spécialisation dans l’élevage. Très attachée aux bovins, cette minorité ethnique assimile le cheptel à la source de vie. Elle échange les races d’animaux avec les autres groupes dans le but de renforcer des liens sociaux lors des événements comme la naissance, le mariage ou les cérémonies d’initiation. Notons qu’outre le Peul, il existe un certain nombre de peuples nomades qui vivent du pastoralisme dans cette région sahélienne. Nous pouvons entre autres citer les Touaregs, les Baggara, les Daza, les Beja, les Kanembou…
Un peuple qui assume pleinement son « retard » et son mode de vie
Les purs nomades sont « illettrés » et ne fréquentent pas l’école, car ils perpétuent un savoir endogène autochtone et oral multiséculaire. Ils vivent en brousse dans une zone difficile à atteindre et dans des conditions de vie très sommaires. Ils doivent en effet parcourir des dizaines de km pour trouver un puits ou une mare pour leurs troupeaux. Connaître les différents lignages est une manière de préserver une identité qui leur vient d’ancêtres du passé dont ils souhaitent conserver la mémoire et les hauts faits. Ils cohabitent avec des peuples multiples, ayant d’autres langues et d’autres modes de vie. Les enfants nomades apprennent dès leur plus jeune âge l’interculturalité.
Un peuple confronté à une situation de dépossession des territoires
Les points d’eau, sillonnent les parcours nomades. Dans les états nations de la postcolonisation, l’armée, la police et la douane surveillent les frontières et freinent drastiquement la mobilité et la transhumance. Les éleveurs sédentarisés et ruinés s’y installent pour faire du commerce mais l’extrême pauvreté entraîne malheureusement la désorganisation de cette société préservatrice des environnements arides.
L’interdiction des caravanes qui sillonnent le désert, l’insécurité liée à la contrebande et aux groupes djihadistes, l’aménagement des puits modernes et la répression des mouvements transfrontaliers, l’accaparement des parcours pastoraux par les organismes d’extraction minière et les agriculteurs rendent problématique le maintien du nomadisme pastoral dans certaines régions du Sahel.